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Or noir et villes fantômes

Route 66 - Illinois 5

Un voyant orange s’allume sur notre tableau de bord, me signalant qu’il est temps de penser à donner à boire à notre fougueux destrier. Une perspective qui peut angoisser tout européen possesseur de «Big Block» ! Sauf qu’ici, la chose n’a rien de désagréable puisque, suivant les régions traversées, le prix au litre s’échelonne de 0,60€ à 0,90€, et un «full tank» ne nous coûtera jamais plus de 50€ ! Seule la Californie fait exception, avec des prix parfois supérieur à 1€/l.

Après l’Illinois, le Missouri, où nous ne quitterons pas la Route 66, qui serpente ici au travers de collines verdoyantes où la circulation est souvent chargée. A une exception près : à l’approche de Devil’s Elbow (le coude du diable), la vieille portion de la Route en 2x2 bandes est complètement déserte, laissant une impression de «seul au monde» au milieu de cette forêt où la nature commence à reprendre ses droits sur le bitume.

La Route se poursuit à travers le Kansas, Etat qu’elle ne fait qu’effleurer puisque sa longueur n’y excède pas 21 kilomètres. Ici plus qu’ailleurs, les villes semblent avoir été durement touchées par la suppression de la route, et nous traversons des villes qui ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes : rues désertes, magasins fermés, bâtiments abandonnés. Tel était souvent le sort réservé aux villes qui n’ont pas eu la chance de faire l’objet d’un «Business Loop» lors de la construction de l’Interstate.C’est d’ailleurs à Galena que le réalisateur du film Cars (Disney) a puisé son inspiration pour de nombreux bâtiments et personnages.

Une fois entré en Oklahoma, un parfum de far-west se fait sentir. Le paysage devient plus aride, des puits de pétrole font leur apparition le long de la route (y compris en plein centre d’Oklahoma City, face au Capitole !) tout comme les fameux «Steak House», et les températures commencent à grimper.

Ici, c’est vraiment l’Amérique. Avec les pick-up complètement démesurés aux inscriptions «V10 Supercharged», «V8 5.7l Hemi» ou «Heavy Duty» sur les flancs qui donnent le ton. Leurs conducteurs ne demandent d’ailleurs pas à être titillés longtemps avant de démontrer la puissance de leur engin : quelques petits coups de gaz de notre Mustang à côté de l’un d’eux à un feu, et le voilà qui écrase la pédale de droite au passage au vert, me clouant sur place et mettant du même coup son engin de 5 mètres complètement en travers de la chaussée. Fier de lui, l’homme nous adressera même un petit signe de la main au feu suivant.