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Plaisir et efficacité

Porsche 356 Speedster beige & Boxster Spyder blanc 3/4 avant droit penché

A l’approche des premiers virages, une chose étonne : le Spyder nous semble plus facile à appréhender que le Boxster classique… Les modifications du châssis rendent l’engin encore plus agile et le train avant est également plus incisif. La voiture se place au millimètre, pivote au lâcher de gaz, tandis que le différentiel autobloquant assure une excellente motricité en sortie de courbe. Léger, ce Boxster Spyder freine également fort et longtemps, même sans l’option freins « carbone-céramique ».

Une sportive diablement efficace, donc, dotée de commandes qui offrent un excellent retour d’informations, ce qui permet de bien cerner les limites du châssis. Par contre, au-delà de cette barrière, cette sportive à moteur arrière est forcément un brin brutale, d’autant que les pneus Michelin Pilot Sport de notre modèle d’essai (235/35/19 à l’avant et 265/35/19 à l’arrière) offrent un très haut potentiel d’adhérence.

D’accord, tout n’est pas rose ! Le supplément de plus de 7.000 € par rapport à un Boxster S est injustifié et la toile engendre des bruits de vent assourdissants sur l’autoroute, tandis que sa manipulation est très complexe (il faut la démonter, la plier et la stocker dans le coffre arrière). Mais malgré ces défauts (qui n’en seront pas pour les véritables puristes…), ce Spyder nous a séduits. Par son esprit, pur et brut, qui distille un réel plaisir en conduite sportive !

Jean-Pierre, lui, partage moins notre euphorie. Il préfère l’authenticité de sa 356 Speedster, son odeur d’huile chaude et le doux crépitement du 4 cylindres. Sa boite manuelle aussi,au maniement agréable, dont on sent les synchros travailler au bout des doigts. Le flat-six du Boxster Spyder a un tout autre caractère : au rythme de montées en régime fulgurantes, il hurle sa hargne avec violence. Jean-Pierre préfère aussi la conduite typée de sa 356, caractérielle mais gratifiante, dont la direction légère et précise permet de bien placer le Speedster dans les courbes, bien que le châssis soit forcément bien moins efficace que celui du Spyder moderne. Bref, nous assistons à un classique conflit de générations…

Et je comprends Jean-Pierre : si je me retrouvais au volant de ce Boxster Spyder dans 30 ans, je le préférerais certainement à sa descendance, qui sera sans doute farcie d’un moteur électrique et aura un charme bien différent. Je partagerais difficilement la joie du jeune journaliste qui conduirait cet éventuel futur modèle. Une question de génération…

Olivier Maloteaux

Photos: Raymond Huysmans

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