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Grand Sport

Jaguar MkII 3.8 anthracite jante travelling

C.R. Ghislain Balemboy

Nous quittons le garage à faible allure en enchainant les rapports : l’embrayage est souple, les verrouillages de la boite Getrag sont fermes mais précis, aucun grognement ou protestation des synchros.

Dès que la mécanique est montée en température, j’attaque. Dans un gargouillis de carbus, le 6 cylindres en ligne XK se réveille et pousse énergiquement, tout en miaulant de plaisir. En bon moteur britannique, le couple est omniprésent, inutile de rétrograder sans-cesse, ce qui colle parfaitement à l’ambiance que dégage la voiture.

Bref, un bon gros matou qui autorise des accélérations franches et des reprises (d)étonnantes, vu l’âge de la bête. Passé 5 000 tours il est plus sage de lever le pied : la poussée se fait moins forte, et les bourdonnements du bloc rappellent que ce moteur a été conçu au début des années 40.

 Un vilain monospace vient me barrer le passage. Sans rétrograder, j’écrase l’accélérateur et double le manant d’un coup ! Quel coffre ! Quelle souplesse ! Une autre auto bloque la route, une « sportive » diesel récente bardée de spoilers en tout genre, maniée par un « pilote » visiblement en train de composer un SMS. Plein gaz, il disparait dans mon rétroviseur. Quel plaisir de laisser sur place des autos modernes au volant de cette anglaise aux apparences si sages ! Les autres conducteurs n’en reviennent pas.

Grisé par le bruit du moteur XK, je passe la cinquième et je jette un coup d’œil aux magnifiques compteurs Smith : je crains d’avoir largement dépassé la vitesse autorisée ! Car l’absence de vibrations et la faiblesse du niveau sonore, conjugués à l’excellente stabilité ont endormi ma vigilance.

Un bon coup de freins, ma MKII ralentit énergiquement et en ligne, je suis à nouveau en règle avec la loi. J’enchaine quelques virages en douceur : la direction me fait plus penser à une voiture des années 80 qu’à une anglaise des années 50. J’arrive à « placer » l’auto sur les freins, elle pivote naturellement, et s’extirpe du virage à l’accélérateur. Je parviens même à entretenir une (légère) dérive, jusqu’à ce que le propriétaire me jette un regard désapprobateur…

Nous rentrons par la forêt, où une belle ligne droite me permet de profiter encore un peu du grondement du moteur, doux et rageur à la fois, avant de me glisser dans les congestions urbaines. Une ancienne pour tous les jours ? Cette MKII associe brillamment une mécanique performante et un confort « moderne » à un style intemporel, dont le charme agit encore sur tous ceux qui croisent sa route…

Charles Paxson

V12 GT

L’émotion automobile

Photographe : Ghislain Balemboy

Nous tenons tout particulièrement à remercier chaleureusement les Automobiles Vanderveken à Bruxelles pour la mise à disposition de cette Maserati 450 S.

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