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Ouvrages d'art et automobiles

Chris Bangle, le meilleur ennemi du Design, fait des émules chez les architectes

Il y a très, très longtemps, disons à la fin du dernier millénaire, les designers automobiles dessinaient leurs belles carrosseries avec des lignes, tendues ou pas, courbes ou non, belles souvent. On parlait d’une belle ligne, pour une Ferrari par exemple. Ces lignes créaient le dessin et s’obtenaient généralement à l’aide des passages de roues, de moulures ou de joncs décoratifs en laiton chromé ou d’un capot plongeant.

Un design tout en lignes

Evidemment, c’était l’idée d’élégance et de vitesse qui voulait être exprimée ainsi, la liberté de se déplacer – et vite – étant le paradigme qui sous-tendait cette recherche.

Eh bien, les concepteurs de ponts ne faisaient pas autre chose : mimétisme de l’ouvrage avec les lignes du paysage, lignes de structure, en somme toute une conception architecturale fondée sur la fluidité, la minceur des éléments de construction, l’expression de l’élégance du concept.

Puis est arrivé avec son grand crayon, le meilleur ennemi du design, le révolutionnaire Chris Bangle. Très décrié depuis quelques années, au point d'être devenu récemment jeune retraité, Chris Bangle a certainement fait parler de lui chez BMW. Ses détracteurs lui reprochent, à l'inverse de Paul Bracq quelques années plus tôt, d'avoir fait table rase de l'ADN de la marque pour imposer son style, sans égards pour les passionnés de l'hélice. Son code graphique, le Flame Surfacing dont on ne saurait vous dire s’il en est l’inventeur ou le zélé prosélyte, est issu directement des progrès des logiciels de conception 3D et des techniques d’emboutissage. L’alternance de surfaces concaves et convexes permet de créer des jeux de lumière en la réfléchissant avec des angles d’incidences à chaque fois différentes. On est donc passé, sous son ère, d’un design de lignes à un design de surfaces.

Là encore, certains concepteurs d’ouvrages d’art se sont engouffrés dans la brèche : le progrès des bétons et des outils coffrants, la maîtrise formelle informatique et tout simplement la porosité culturelle entre disciplines ont permis des réalisations plus complexes, fondées sur le travail de la lumière.



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