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540 chevaux diaboliques

Ferrari 575 SuperAmerica rouge 3/4 avant gauche travelling penché

C.R. Ghislain Balemboy

Dès que je suis sur l'autoroute, je passe en mode manuel. Il suffit d'actionner la palette droite. Au début, les changements de rapports me semblent lents. J'actionne le mode Sport. La boîte est méconnaissable ! Les vitesses passent brutalement, mais nettement plus vite. Je m'amuse comme un ado : 3 500 tours, palette gauche, la boîte claque, 5 000 tours, j'écrase l'accélérateur, 7 200 tours, palette droite, le régime redescend, j'accélère à nouveau, 7 000 tours et ainsi de suite. Une Ducati vient se ranger derrière moi, clac clac, deux rapports en moins, je la laisse sur place, elle me rattrape. Le V12 hurle à plein poumons, les silencieux en inox magnifiant sa voix, plus métallique, plus rauque. C'est superbe, dommage que la passante de tout à l'heure ne soit pas sanglée dans le siège-baquet passager, elle changerait sûrement d'avis sur le bruit !

J'atteins des vitesses inavouables, les bruits d'air commencent presque à couvrir le chant du moteur, mais l'habitacle est plutôt bien protégé des remous. La direction, douce et pas trop démultipliée en ville surprend ici par sa précision et son feeling, qui contribue à réduire les dimensions plus GT que Berlinetta de la SuperAmerica.

Ralentissement brutal, vite, la palette droite, non gauche : 2 coups, double rétrogradage parfait, mais je n'y suis strictement pour rien, la boite F1 fait tout ! Tout cela est ponctué par des rugissements magnifiques du V12, qui apprécie visiblement. Freinage fort, bien en ligne, pas de broutements ou de vibrations.

Sortie d'autoroute, un rond-point. Le poids de l'avant se fait sentir et embarque le nez vers l'extérieur. Un bon coup d'accélérateur et tout rentre dans l'ordre, je m'en extirpe en légère dérive.

La départementale qui s'ouvre devant moi offre un paysage magnifique, la campagne à perte de vue, quelques jolis bosquets de ci de là. Je rétrograde et j'écrase la pédale de droite. La 575M s'écrase sur son arrière-train et bondit en avant. Pour une "Classic", encore jeune il est vrai, qu'elle a la forme ! J'ai à peine le temps de monter les rapports, un rugissement suivi d'un claquement à chaque fois. Un virage serré à gauche, je l'aborde sans appréhension, grâce à la direction communicative, sotie de coupe, j'accélère fort, l'arrière se déhanche avant de reprendre appui, je me catapulte vers le virage suivant. Mis en confiance, j'en ressors un peu plus vite, un rapport en dessous. Cette fois ci, l'arrière déboîte nettement, mais le contre-braquage est naturel et ramène les 1T7 en ligne sans problème. Inutile de pousser l'expérience plus en avant...

La route ondule tranquillement entre les arbres, je ralentis le rythme et je profite de cette belle journée d'automne. Le soleil fait ressortir les courbes sensuelles des ailes, l'éclat du rouge est tel que les lunettes de soleil sont indispensables. À ce rythme, la souplesse des suspensions est étonnante, ce qui, conjugué aux excellents sièges et au bruit atténué par la longueur de la sixième vitesse donne une impression, presque nautique d'évoluer sur un filet de gaz. J'ai l'impression de me laisser conduire par le long capot qui me précède, un peu comme à bord d'un Riva, quand on ne sait plus très bien qui mène l'autre. Le grand tourisme à l'italienne, c'est peut-être cela…

Charles Paxson

V12 GT

L'émotion automobile

Photographe : Ghislain Balemboy

Merci à toute l'équipe de First GT Location, rue Greuze à Paris, pour leur compétence et leur patience lors du prêt de cette SuperAmerica.

FirstGTlocation