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Feuilles volantes

Jaguar XKR-S noir vue de la face avant

C.R. J. Letihon

En cette fin de matinée automnale, le thermomètre est tombé sous les 10 degrés.

Le ciel est ténébreux et un léger crachin brouille le pare-brise. Des feuilles mortes et volantes tapissent la route.

Le félin risque de danser sur ses griffes…

C’est le cas dès premier virage, pris à vitesse légale sur un filet de gaz. Une ruade précoce, qui nous met sur nos gardes. L’engin est prêt à bondir ! De fait, cette Jaguar est sensiblement plus incisive que la XKR ordinaire. Le train avant mord la route avec plus de tranchant et nous laisse dans les mains un volant bien consistant. L’équilibre général est plus vif et le couple déboule plus vigoureusement. Cette « RS » est aussi plus trépidante, même si l’amortissement reste très prévenant pour un modèle ultrasportif.

On « switch » sur le Mode « Track », qui libère davantage les vocalises du V8, retarde l’intervention du contrôle de stabilité et accentue la réactivité de l’accélérateur et de la boîte de vitesses automatique ZF à 6 rapports. Celle-ci est pratiquement aussi rapide qu’une unité robotisée à double embrayage et sa gestion rétrograde promptement au freinage. Pas besoin de jouer avec les palettes au volant, si ce n’est pour éviter les violents « kickdowns », très piégeurs sous la pluie. Car le décrochage des Dunlop SP Sport (255/35/20 à l’avant et 295/30/20 à l’arrière) est du genre brutal.

Le rythme s’accélère. La Jaguar tortille sur ses freins en entrée de courbe et rue en sortie de virage. L’abondance du couple en bas impose un fin dosage des gaz. Le pied droit s’enfonce à mesure que le volant se redresse. La poussée est herculéenne et le V8 hurle sa rage dans un grondement qui hérisse les poils !

En courbe, la « RS » se cale bien plus nettement sur ses appuis que la simple « R ». Une vivacité qui lui nuit un peu sous la pluie, où cette Jaguar aurait gagné à se dandiner un peu plus sur ses suspensions, ce qui aurait tempéré son caractère brutal. Bref, on a dû se battre avec ce félin. Une joute plaisante et gratifiante, mais que l’on aurait préféré mener sous le soleil et dans un enclos privé. Peut-être le hasard du calendrier nous conviera-t-il à un essai sur piste sèche de la nouvelle version Cabrio…

Olivier Maloteaux

Photos : Jacques Letihon

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