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Jambes de coureur

Aston Martin DB9 rouge vue de la face arrière

© J. Letihon

Un moteur de 6 litres qui développe 517 chevaux, soit pas très loin de cent chevaux au litre ! La valeur du couple n’est pas moins impressionnante : 620 Nm sont disponibles.

Au-delà des chiffres, c’est par son caractère que ce moteur épate. La puissance maxi est atteinte à 6.500 tr/min et les 620 Nm sont perchés à 5.500 tr/min.

Du coup, la plénitude du moteur s’invite dans les tours, le pied au fond de l’épaisse moquette. Car si la DB9 offre de jolis ronronnements et une grande souplesse à bas régimes, c’est au moment où l’aiguille du compte tours accroche 3.500 tr/min que la mécanique explose. La nouvelle culasse et les conduits d’admission élargis gavent les cylindres. L’échappement se libère, augmente le niveau sonore et délivre toute la musicalité du V12.

Les superbes palettes en carbone rythment les accélérations du missile. Le tempérament de ce moteur est remarquable. Après avoir manifesté une présence féroce à mi-régime, il remet encore un coup de reins à l’approche du régime maxi. Au fil des kilomètres, on s’habitue à la poussée et on joue avec les pics de la plage de régime. Sur les routes humides et grasses de ce dimanche de novembre le train arrière de l’Aston requière une attention soutenue !

Signalons d’emblée que notre bolide était équipé de pneus hiver et n’offrait donc pas le même ressenti que les Pirelli P Zero montés à l’origine. La différence se marquait par une très légère imprécision de la direction en ligne droite et par la souplesse des flancs en courbes rapides. Outre ces lacunes contextuelles, au-delà de la prudence qu’imposaient les feuilles mortes, les chaussées grasses et froides, cette Aston nous est apparue véritablement séduisante. Dynamique, jamais inconfortable même sur chaussée dégradée, elle propose un amortissement progressif et constant, en mode normal du moins. Car l’amortissement adaptatif propose deux autres option, Sport et Track, qui comme leurs noms l’indiquent rigidifient la suspension pour la conduite sportive. L’effort de direction, un peu déroutant de prime abord, met rapidement en confiance et distille ce qu’il faut d’informations sans répercuter de secousses. Grâce à l’équilibre proche du 50/50, offert notamment par la boîte de vitesses installée à l’arrière, la DB9 se révèle sûre et prévisible en appui. Il est vrai qu’Aston a revu la conception de la coque. Plus rigide de 20% elle a également permis de gagner 15 kilos sur la balance.

Malheureusement les pneus hiver dégradaient le niveau de grip, nous privant du tranchant auquel peut prétendre ce châssis. Dans ces conditions, contrôle de stabilité débranché, il fallait jouer d’adresse pour faire passer la puissance au sol. Mention spéciale aux freins en carbone offrant 12 kilos de bonus à la DB9. Mordants et endurant, ils se font entendre une fois à température, sans jamais faiblir. Ainsi pourvu, l’ensemble nous paraissait assez facile à emmener, homogène, malgré une masse de 1.785 kilos.

Pour son design à la fois épuré et racé, pour sa prestance et sa sportivité bien dosée, pour sa conception traditionnelle, sa facilité d’usage et son gratifiant V12, la DB9 séduira les véritables gentlemen drivers et les amateurs de personnalité automobile. Amoureux de design, de tempérament mécanique, d’exclusivité britannique, ils laisseront les gadgets technologiques et les performances extrêmes aux «geeks» de la vitesse.

Julien Libioul

V12 GT

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